Abstract
Cet article traite de la marchandisation des associations en s’intéressant à une pratique qui semble s’y opposer : le partenariat. En lançant le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) en 2019, le ministère du Travail appelle les associations à se réunir et à porter des projets en « consortium », pour enrayer la tendance à la concurrence entre opérateurs. Cependant, alors qu’ils sont incités à coopérer, les acteurs associatifs sont gouvernés par des modalités qui créent de la concurrence entre eux. En ouvrant des appels à projets dits « expérimentaux » à l’ensemble des associations, les promoteur·rices du PIC font pression sur le service public de l’emploi, notamment les missions locales, pour renouveler les pratiques professionnelles et l’offre de formation. L’analyse de cette politique publique permet ainsi de montrer comment le recours aux logiques marchandes, à la fois la mise en concurrence et l’appel au partenariat, est un mode de gouvernement des associations. Et l’incitation à se regrouper en consortium, dans un objectif d’efficacité et de rationalisation de l’action publique, apparaît comme une modalité supplémentaire de la marchandisation publique des associations.
Reference44 articles.
1. Des marchés au service de l’État ?;Ansaloni Matthieu;Gouvernement et action publique,2017
2. Apollin F. et al., Groupe Initiatives (2021), « Le consortium : outil pertinent ou piège à haut risque ? », Traverses, n° 49.
3. Arambourou C., Négrier E., Paoletti M. et al. (2021), Politiques de la fusion. Organisations, services, territoires, Paris, LGDJ-Lextenso.
4. Quand l’État fait son marché, quels effets pour les opérateurs ?;Berthet Thierry;Gouvernement et action publique,2017
5. Bertron A. et Boone D. (2022), « Une politique de jeunesse sans jeunes : Le poids de “l’impératif partenarial” au sein de deux projets territoriaux sur la jeunesse », Agora débats/jeunesses, vol. 3, n° 92, p. 79-96.